Ce vitrail évoque, à première vue, les intérieurs très intimistes de certains peintres hollandais, tels Vermeer ou Rembrandt.

 

Quelle douceur infinie s’échappe de ce vitrail. Marie file la laine, Joseph rabote des planches avec Jésus en face de lui. Étrange… Paradoxal… L’homme Dieu a-t-il quelque chose à apprendre de son père ? Oui, car il est pleinement homme et ne sait pas tout.

 

Cette intimité semble être un peu voilée par la présence de trois jeunes hommes sur la droite. Qui sont-ils ? Sans doute des amis de Jésus qui passent et Joseph leur lance un regard circonspect.

 

« Ne venez pas divertir mon fils, il travaille »…

 

Cette diversion me renvoie vers les tout petits présents à la Messe du dimanche qui, eux aussi, me distraient en toute innocence. D’abord, ils se jaugent, mais cela ne dure qu’un soupir. Telle damoiselle veut éblouir un chevalier et fait virevolter sa robe, telle une corolle de fleurs. Le chevalier, lui, n’est que modérément ému mais s’attaque à l’escalade du pilier, tel l’Everest. Un autre a transporté sa bibliothèque avec lui et tourne les pages avec frénésie; un autre encore se prenant pour Van Gogh, commence un chef-d’œuvre mais, patatras, la boîte de crayons de couleurs s’écroule et l’on doit plonger en apnée sous le banc… Puis, las de toutes leurs activités, ces petits lutins finissent par se blottir dans les bras de leur père ou mère avec une confiance infinie. Ces distractions ne sont guère canoniques et il ne s’agirait pas bien sûr de les encourager, ni pour les nerfs ni pour la ferveur. Mais ne peut-on pas cependant en tirer leçon ?

 

Nous nous éparpillons, nous nous égarons, nous faisons tout et son contraire, mais si cela s’achevait dans les bras de Dieu ?

Colette ALLEYSSON