L'église du Sacré-Cœur de Bourg

« Dès son origine, l’église du Sacré-Coeur avait un caractère général. C’était en même temps qu’une église paroissiale, un monument votif, une « basilique » qui serait élevée à la gloire du Coeur de Jésus dans la ville, berceau et centre de la Garde d’Honneur, et devrait se prêter par la suite, aux manifestations solennelles se rapportant à cette dernière ». Ces quelques lignes du Chanoine Rynois nous plongent de suite dans la volonté initiale de Mgr Pierre Soubiranne, nouvel évêque de Belley en 1880, de construire une nouvelle église à Bourg-en-Bresse dans le quartier de Bel-Air appelé à se développer, qui soit à la fois paroisse, monument diocésain au Sacré-Coeur en même temps que siège de l’Archiconfrérie de la Garde d’Honneur du Sacré-Coeur. Construite avec persévérance malgré les nombreuses difficultés, l’église sera édifiée de 1881 à 1953.

 

La Chapelle Saint-François


Le quartier de Bel-Air n’était alors constitué que de champs, de prés et
de friches qui dépendaient de la ferme de la Plume et de celle des
Maladières.
L’histoire commence par la vente du 21/12/1880 devant Me Paccot,
notaire à Bourg, par laquelle Mgr Soubiranne acquiert « pour son compte
personnel » un terrain de 10.620 m2 de deux particuliers : Mr Stanislas
Dor, propriétaire demeurant au château d’Ameyzieu à Talissieu, lui vend
une parcelle de terrain de 7.684 m2 située au quartier de Bel-Air ;
Monsieur Jacques-Joseph Gobet, horticulteur à Bourg, et Madame, née
Félicité Cointet, vendent une parcelle de terrain attenante à la
précédente, d’une superficie de 2.936 m2…..

L’Archiconfrérie de la Garde d’Honneur du Sacré-Coeur

Mgr Soubiranne obtint en 1883 du Pape Léon XIII le transfert du siège de l’Archiconfrérie du Sacré-Coeur, jusque là situé au Monastère de la Visitation de Bourg-en-Bresse depuis sa création par Soeur Marie du Sacré-Coeur Bernaud (1825-1903), à la chapelle Saint-François. Elle deviendra donc le centre de la Garde d’Honneur pendant quelques années… avant que le siège ne revienne à la Visitation à la mort de l’évêque de Belley en 1887.

La chapelle provisoire Saint-Michel

Mgr François Labeuche, évêque de Belley de 1906 à 1910, poursuit

l’idée de son prédécesseur et adresse un appel à « toutes les personnes

dévouées au Sacré-Coeur » pour aider « à élever le monument que nous

voulons offrir à N.-S. Jésus-Christ, comme un témoignage de notre foi et

de notre amour ». Il nomme en septembre 1909 l’abbé François Rynois,

alors brillant économe du Petit Séminaire de Belley, curé de la paroisse

en préfiguration du Sacré-Coeur de Bourg, avec la charge de mener à

bien le chantier de construction et d’organiser la nouvelle paroisse.

Dans un appel que ce dernier lance le 15/01/1910, avec l’appui de Mgr

Labeuche, auprès des membres de la Garde d’Honneur notamment, on

peut noter la référence au contexte des années post loi de séparation

des Eglises et de l’Etat (9/12/1905) en disant : « Ajoutons, d’ailleurs, que celle-là (cette paroisse), du moins, jouira d’une situation juridique

particulièrement sûre et capable, en ces temps troublés, de rassurer ses

bienfaiteurs sur le sort de leurs offrandes : le vaste enclos qui doit la

contenir est une propriété privée et absolument indépendante »…

 

L’abbé François Rynois décide alors de construire une église provisoire

qui sera appelée la chapelle Saint-Michel. Le 11/10/1909, il demande

ainsi un devis et des plans à l’architecte Claude Royer Père indiquant

que le Conseil de l’OEuvre de la Basilique du Sacré-Coeur de Bourg s’est

prononcé pour « construire immédiatement : 1) une église provisoire,

pouvant contenir environ 800 personnes et devant, plus tard, servir

d’école libre de garçons. Elle sera élevée au nord de la chapelle déjà

existante, avec l’entrée à l’est. (…) Le Conseil décide de consacrer à

cette construction de 20 à 25.000 Francs ; 2) une cure définitive devant

faire pendant (avec la sacristie) au surplus de transept représenté par la

chapelle actuelle »1. Un an après, il s’étonne que le chantier ne soit pas

terminé et donne le 2/10/1910 pour date butoir, étant donné qu’il doit

acheminer « le mobilier provenant de Meximieux » et laisser aux ouvriers

le soin de le remonter. Il semble alors qu’il ne manque que les

« badigeons et parquetage » des deux sacristies…

L’église du Sacré-Coeur : des débuts encourageants

Le chantier de l’église définitive commence sous la bénédiction autographe du Pape Pie X, lui-même garde d’honneur ayant inscrit son nom dans le cadran de l’heure de garde, obtenue le 6 février 1911 par Mgr Adolphe Manier, évêque de Belley1, et avec les encouragements et bénédictions de l’épiscopat français par la voix des évêques et archevêques de Reims, Rennes, Lyon, Besançon, Chambéry, Autun, La Rochelle, Troyes, Versailles, Agen…

 

Dans de telles dispositions, le début du chantier s’annonce bien. Le 16/06/1911, la Commission de la Basilique du Sacré-Coeur, sous la présidence de Mgr Manier, décide « 1) que les fondations seront exécutées de toutes pièces et d’ensemble ; 2) que l’exécution de l’édifice aura lieu par tranches et en commençant par le choeur. Cette exécution de la seconde partie du programme sera décidée sur le vu des ressources nécessaires »2. Le devis initial de l’architecte de Bourg, Claude Royer Père, s’élève à 600.000F. Il reprend les plans établis dès 1880 par l’architecte Franchet, élève de Bossan qui était l’architecte de Fourvière….

La décoration des chapelles

On sait que l’orfèvre lyonnais réputé Amédée Cateland a été sollicité en

1934 pour la décoration des chapelles du choeur, sans suite. Une autre lettre du 2/12/1938 nous apprend que le chanoine Rynois a demandé à l’architecte lyonnais Emmanuel Cateland de « faire une étude pour les chapelles des bas-côtés de votre Basilique ».

Charles Mauméjean, maître-verrier à Paris et Hendaye, rappelle sa proposition de juin 1938 au Chanoine Rynois, par courrier du 21/04/1939 dans laquelle il disait : « nous voulons vous être agréable et nous vous promettons de vous offrir soit dans la chapelle de la Vierge, soit dans la chapelle de Saint-Joseph, un décor pictural avec rehauts de mosaïques, qui sera notre hommage au Sacré-Coeur de votre Basilique. Nous optons pour la chapelle de la Vierge (…) cet hommage que nous faisons à la gloire du Sacré-Coeur, portera si vous le voulez bien un souvenir direct à la mémoire de notre vieille maman « en mémoire de Marie Mauméjean-

Lalanne 1847-1936 ». Finalement, le Chanoine Rynois demandera à répartir ce don pour les décors picturaux des deux chapelles du choeur.

Les décors furent envoyés le 29/11/1939 et achevés en mai 1942 par

Mlle Durgeat, élève de l’Ecole des Beaux-Arts….

Le mobilier de la chapelle du Grand Séminaire de Brou

Il s’agit du maître-autel de l’ancien Grand Séminaire de Brou, installé le

11/11/1823 par Mgr Alexandre-Raymond Devie, évêque de Belley.

Dessiné et commandé en 1825 par Mgr Devie pour mieux s’accorder à la magnificence de l’édifice, voici comment le décrit l’abbé Rey, ami de Mgr Devie, à qui ce dernier a soumis le dessin : « le plan de votre autel m’a ravi par sa noble majesté, et par un caractère de grandeur et, je dirai presque, de gravité admirable : il me semble en harmonie parfaite avec le genre d’architecture et l’ensemble de tous les monuments de cette belle église »….

14 juin 1942 : inauguration de l’église du Sacré-Coeur

« Date attendue et qui vient un peu comme un rayon de soleil en cette période de guerre ». La nouvelle église dédiée au Sacré-Coeur ouvre ses portes dans le nouveau quartier de Bel-Air, plutôt résidentiel. L’édifice a une longueur de 57m sur une largeur de 26m, 18 piliers de la nef qui s’élèvent à 8,75m, une rosace de 5m de diamètre et une capacité de 2.000 personnes. Son style romano-byzantin n’est pas du goût de tous mais la population remplit la nouvelle église en ce jour de fête, « jusqu’à déborder largement à l’extérieur, où des haut-parleurs avaient été installés….

6 juillet 1948 : consécration de la Basilique du Sacré- Coeur

« Il y a six ans que la Basilique du Sacré-Coeur de Bourg a été ouverte au culte. Le moment est venu de consacrer avec toute la solennité des rites de la Liturgie le sanctuaire édifié par la piété de tout le diocèse à la gloire du Sacré-Coeur ». C’est en ces termes que Mgr Amédée Maisonobe, évêque de Belley, annonce la cérémonie de consécration de « l’église paroissiale de Bourg, dédiée au Sacré-Coeur ». Il précise qu’elle sera « présidée par Son Excellence Mgr Dubourg, notre vénéré Métropolitain, entouré des Evêques de la Province de Besançon.

Pendant que nous consacrerons l’autel principal, Son Excellence Mgr l’Evêque de Saint-Dié et le Révérendissime Père Abbé de Notre-Dame des- Dombes ont bien voulu accepter de consacrer deux des autels latéraux, l’un en l’honneur de la Très Sainte Vierge, l’autre en l’honneur de Sainte Marguerite Marie »…

Les flèches de l’église : 1952-1953

« Une première tour est élevée, qui momentanément restera seule, faute d’argent. Et voici l’intervention de la Providence : passe un mystérieux anonyme, choqué de la dissymétrie, il s’informe, tire son carnet de chèques et pourvoit ainsi à la dépense ». En février 1937, on « se prépare à la construction du second clocher »…